lundi 15 août 2011

Axe de recherche III

La gestion du local et du régional : milieu littoral


Sous-axe III.1. Le milieu littoral marocain : de l’aménagement à la gestion : (Equipe de Recherche sur la Région et la Régionalisation-E3R et UFR DAR)

Un projet de recherche qui se positionne dans une nouvelle dynamique

L’espace littoral attire de plus en plus les décideurs et aménageurs au Maroc. Lors du débat national sur l’aménagement du territoire, plusieurs ateliers locaux et des forums régionaux ont abordé directement ou indirectement la problématique de l’aménagement et de la gestion du littoral. La Charte de l’Aménagement du Territoire qui a été l’aboutissement de ce débat réserve plusieurs de ses articles à l’espace littoral et aux problèmes qu’il pose. Des outils d’aménagement plus ou moins spécifiques au littoral sont en cours de gestation. Les SDAUL sont des Schémas Directeurs d’Aménagement Urbain élaborés pour couvrir un littoral et sa zone d’influence. Trois de ces outils ont été déjà homologués, deux sont en cours d’approbation et quatre sont en cours d’élaboration. Enfin la perception des acteurs locaux et des collectivités ayant des façades littorales semble subitement changer, le littoral étant désormais appréhendé au moins au niveau du discours, en terme de dégradation, de pollution, de surcharge et de conflits.

Il se trouve que les réflexions et études relatives à cette problématique butent sur sa nouveauté. Les études mentionnées sont parfois (comme l’indique souvent leur appellation) de simples Schémas Directeurs d’Aménagement Urbain plus ou moins adaptés à l’espace littoral. L’accent est souvent mis sur une description de l’usage du sol et des propositions d’options d’aménagement. Or, l’approche de la relation de l’homme avec le littoral a déjà énormément évolué aussi bien au niveau de la démarche que des questionnements et des concepts. Enfin, le discours des usagers et des gestionnaires locaux reste à décrypter : s’agit-il d’une conviction basée sur une connaissance réelle des problèmes de gestion de ce milieu ? s’agit-il d’une répétition de slogans à la mode ? de discours électoralistes ? A un moment où de gros projets, notamment dans le domaine du tourisme, sont entrain d’être élaborés ou lancés sur le littoral.

Souhaitant se positionner dans cet engouement pour le littoral L’E3R, propose d’inscrire ce projet dans la réflexion générale du pôle de compétence sur le local et le régional pris ici sous l’angle de la gestion et de la compréhension des actions menées localement.

Position de recherche

L’évolution des recherches en matière du littoral permet d’envisager une analyse qui partirait de l’aménagement des littoraux et aboutirait à leur gestion. En effet, le thème à la fois porteur aujourd’hui, et qui semble judicieux dans le cas du Maroc, est celui de la gestion des littoraux. Ce concept est différent d’une simple description de l’usage du sol ; c’est aussi autre chose que l’aménagement tout court.

Au niveau européen, l’idée tourne autour de la Gestion Intégrée des Zones Côtières ou GIZC, ce que les américains appellent ICZM (Integrated Coastal Zone Managment). Dans ce contexte, la notion d’intégration mérite d’être creusée, car elle est loin d’être claire et comprise par tous dans le même sens. L’autre support conceptuel de ce projet, est le développement soutenable ou durable. Pour les littoraux ce concept a été analysé à partir de la notion de capacité de charge à propos de laquelle beaucoup a été déjà écrit.

Mais au delà de ces deux idées porteuses, c’est l’articulation avec les acteurs qui prime. Car il s’agit de gérer, donc de payer. On en revient alors aux problèmes de centralisation/décentralisation, société civile, gouvernance, accountability (responsabilité, rendre des comptes).

C’est à ce niveau que le Maroc peut se situer, dans la mesure où se posent ses ambitions en matière de développement touristique, ses problèmes d’organisation et de gestion de l’espace, dans un contexte de compétitivité mondiale accrue et un plus grand souci en matière d’insertion des activités, de l’habitat et des équipements dans l’environnement physique.
En effet, notre projet de recherche se veut également une partie intégrante des mesures d’accompagnement de l’objectif « 10 millions de touristes en 2010» et du programme de création de 6 stations balnéaires. Ces stations d’envergure (un total de 100.000 lits additionnels d’ici 2010) seront toutes situées sur le littoral et le contrat programme parle d’une stratégie de positionnement offensif sur le balnéaire, l’objectif étant « d’élaborer les produits les plus adaptés à la demande balnéaire européenne et pour laquelle le Maroc dispose naturellement d’avantages compétitifs ». On peut donc imaginer que des implantations de cette envergure ne se feront pas sans difficultés de gestion de l’espace littoral.

De ce fait l’un de objectifs majeurs de la recherche est de nouer un partenariat actif entre l’Equipe et les différents secteurs socio-économiques intéressés par le projet de recherche. Les partenaires ayant montré leur vif intérêt au projet et souhaitant l’accompagner sont :
  • L’ONG Enda Maghreb ;
  • La Direction de l’Urbanisme ;
  • La Direction de la Formation des Cadres et de la Coopération du Département du Tourisme ;
  • La Direction des Aménagements et des Investissements du Département du Tourisme.
Méthodologie

Sur la base de lectures poussées sur ce qui a été écrit sur le littoral au Maroc et dans d’autres espaces similaires, et le choix de zones représentatives des différents problèmes qui se posent au littoral en terme d’aménagement et de gestion, la méthodologie préconisée s’articule autour des points suivants :

  • Un diagnostic et un état des lieux du littoral : occupation du sol, pression de l’activité touristique et des autres activités, historique de l’installation humaine, points forts et points faibles du dispositif littoral. Cette étape fera appel à un travail soutenu de relevé de terrain qui mobilisera à la fois des chercheurs confirmés, des chercheurs débutants et des étudiants. Les techniques les plus modernes de relevé et de traitement sont envisagées (analyse de photographies aériennes, GPS, cartographie assistée par ordinateur, Sig, etc. );
  • Appréciation de la place du littoral en tant que tel dans les stratégies de développement et d’aménagement du territoire national. Quel littoral ? jusqu’où vers l’intérieur ? sous quelle (s) autorité (s) de tutelle. Rôle du département de l’Aménagement du territoire, du Ministère de l’agriculture, de celui de l’Intérieur etc. Ici c’est un travail de contact, d’interviews et de dépouillement et d’analyse de la documentation (outils d’aménagement) produite au cours des 30 dernières années qui est envisagé.
  • Analyse de la vulnérabilité du littoral : dynamique, érosion ou engraissement des plages, déferlement urbanistico-touristique, actions anthropiques, réserves foncières etc. Des travaux de relevés de terrain et d’analyse de documents sont envisagés ;
  • Prise en compte des principes de la gestion des littoraux entre l’Etat et les usagers, rôle et moyens des collectivités littorales, interventions d’organismes internationaux (convention de Ramsar et son application, programme de type Natura 2000 et Life de l’UE, programme zones humides, programmes zones sensibles etc.) ;
  • Mise au point, expérimentation et proposition de méthodes d’investigation et d’aide à la prise de décision : Sig, problèmes du zonage comme outil de gestion du littoral, etc.
  • Parmi les points forts de cette démarche de mise au point d’outils d’aide à la prise de décision, la cartographie automatique occupe une place de choix. Il est prévu une recherche pour la mise au point de cartes qui non seulement synthétisent les différentes options mais qui sont également établies selon des critères pédagogiques car destinées à des élus ou des preneurs de décisions non habitués à manipuler des documents graphiques.

Terrain

Les littoraux choisis pour cette étude sont représentatifs des problèmes d’aménagement et de gestion des littoraux marocains :

  • La baie de Tanger devenue un cas d’école pour illustrer les erreurs d’aménagement touristique
  • La baie d’Agadir : fortement sollicitée par le tourisme international
  • Le littoral compris entre Rabat et Casablanca représentatif des espaces subissant une forte pression due à la demande en espaces urbains et en espace de loisirs de proximité
  • Des sites nouvellement retenus pour recevoir de grands aménagements touristiques : Khmiss Sahel et Essaouira.

Sous-axe III.2. Utilisations de l'espace côtier marocain, risques et aménagement (Mise au point d’une méthode de spatialisation régionale et locale) (Groupe de Recherche et de Formation sur le Littoral-Grefol)

Pertinence du sujet

L’espace côtier est ici compris comme espace géographique composé d'éléments ponctuels, linéaires en interaction, organisés en niveaux hiérarchiques. Chaque niveau d'organisation spatiale et écologique et formé d'éléments plus petits : côtes rocheuses, côtes meubles, côtes montagneuses, côtes urbanisées, côtes artificialisées, côtes vierges à protéger, côtes agro-pastorales, etc). Le littoral possède des qualités émergentes tout en étant lui-même élément d'un ensemble plus vaste (plusieurs régions marocaines ont une issue sur la mer ou l'océan).

L'écosystème littoral est soumis à l'influence de l'homme qui utilise le paysage et consomme les ressources (octroi mal négocié des droits d'exploitation des terres, urbanisme effréné, dégradation de la nappe, épuisement, prélèvement de matériaux de construction, pollution diverse, artificialisation du paysage et mauvaise gestion de l'espace).

La vision intégrée et globalisante de l'espace côtier fait défaut de sorte que le littoral reste sous-protégé et même, parfois utilisé de façons abusives. Par ailleurs l’aménagement et le développement de ce littoral ne tient pas compte de la dimension régionale. Les interventions ont été plutôt ponctuelles et anarchiques au moment où la littoralisation des activités et des populations devient dominante et ne cessera d'évoluer dans les années à venir.

L'effet de la mondialisation, le libre échange, l'ouverture des douanes mettra cet espace en grande difficulté, et contredit la vision régionale très encouragée actuellement. Ceci met en cause les stratégies de développement des collectivités locales des communes dites"littorales".

Cet antagonisme entre le national, le régional et le local, constitue une réelle contrainte pour une spatialisation qui se veut un outil d'aménagement et de développement intégré des espaces côtiers.

S’inscrivant dans les interrogations du réseau Relor sur les cadres territoriaux des actions de développement et d’aménagement, ce sous-projet de recherche a pour objectif d’établir un inventaire et une base de données sur les paysages côtiers marocains et leurs ressources naturelles à l'échelle d'unités homogènes sur le plan physique. Ensuite sera établi un zonage régional de l’état des lieux en terme de vulnérabilité potentielle et des utilisations en cours. Seront ensuite suivis les modes de gestion et les dynamiques sociales du littoral (démographie, aspects socio-économiques, socioculturels) et menées des analyses des risques divers (érosion, pollution des eaux et du sol, dégradation de la biodiversité et transformation des paysages). Le tout devant aboutir à des propositions d’une stratégie prenant en considération la spécificité régionale de chaque secteur côtier pour un développement intégré et une valorisation du patrimoine côtier.

 Terrain
  • Le littoral de Mohammedia et Benslimane, exemple d'un littoral durcifié et fortement urbanisé et objet de plusieurs conflits.
  • Le littoral de Sidi Rahal et Dar Bouaazza (sud de Casablanca), exemple d'un espace agricole en voie de disparition devant la prolifération de lotissements de résidences secondaires et de services touristiques et relevant d’un autre espace qui lui est plutôt continental.
  • Le littoral des Doukkala – Oualidia, exemple d'un littoral agricole en crise.
  • Le littoral agro-pastoral (peu touché par l'économie moderne) tel le littoral montagneux se trouvant au Sud d'Essaouira ou le littoral de Layaoune.

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